24/07/2010

Cork 2010 sur Paprec: bien, mais....













Cette année le programme de compétition du TP52 "Paprec Recyclage" a choisi un évènement auquel peu d'entre nous a déjà participé: la Cork Week.
L'Irlande cette fois....
Personne n'a oublié son ciré, ni ses polaires, et c'est tant mieux car le temps a été pour le moins....irlandais.
Des poutres (expression de Louis tout à fait adaptée à la région) de pluie le premier jour d'entrainement nous interdisait de naviguer, et un centre dépressionnaire qui a eu le gout de camper au dessus de nos têtes avant d'être remplacer par un autre e
n cours de semaine.
Autrement dit un vent difficile à anticiper, et un temps pour le moins variable tout au long de la semaine. Et une mer agitée. Vive l'imprévu!
2 autres TP sont présents "Pace" et "Interlodge" avec un Farr 52 (Bob, c'est qui ce bob?...)et un joli voilier de croisière: 5 bateaux en tout dans notre classe, c'est maigre mais la confrontation est intéressante, très intéressante.
5 jours de régate sur des parcours différents chaque jour: banane, slalom (?...), triangle olympique, trapèze, et cotier, il y a de quoi faire!

Tout au long de la semaine nous avons fait de belles choses, des choses moyennes, et d'autres encore moins bien...
4eme sur 5 c'est clairement un échec et mon humeur est à l'analyse plutôt qu'à un récit édulcoré. Autrement dit "the hard way" et non "sugar coated".
Pardon pour les amateurs de prose, il s'agit ici d'un rapport plus que d'un récit.

Sur l'eau

Départ:

Le temps de mise en route de l'équipage et du bateau m'a semblé suffisant (heure d'appareillagfe, échauffement) bien que rarement excessif...
Nos départs pour la majorité ont été un peu trop prudents et la consigne de positionnement pas toujours respectée.
Nous n'avons pas toujours topé la bouée bout de ligne, ça doit être une obligation pour que l'ordi nous donne son avis.
J'ai quand même l'impression que j'étais un peu timoré au début de l'épreuve (inconfort total à envisager un départ bouée). Ca été mieux en deuxième moitié d'épreuvce.
L'équipage était bien concentré et ce dès que le départ approchait.

Vitesse au près
Grande inconnue jusqu'à Cork! Le bateau a changé de configuration de lest et de voiles. Les épreuves courrues jusqu'à présent ne concernaient pas d'autres TP (à part Cowes Dinard où nous allions bien), difficile de se caler et d'être confiant.
Apparement nous sommes assez à l'aise dès que le vent dépasse 11 nds bien qu'en moyenne plus bas que nos camarades (qu'est ce que ça donnerait avec plus de bateaux??).
Globalement nous étions rapides dans le clapot dans cette gamme de vent.
La suggestion de stabiliser le bateau plus au chariot qu'à l'écoute de GV mérite d'être essayée car tout à fait adaptée à nos besoins de cap au près.
Je note l'excellent travail de Gurvan à réguler le génois à l'écoute. Pas seulement à choquer pour relancer mais aussi pour stabiliser l'assiette dans les risées, intéressant. Pour moi sans ce travail dans le clapot on serait collés.
Grande importance aussi bien sûr à la régulation du pataras qui me semble être correctement faite et plutôt plus permanente que chez nos concurrents .
Le réglage des voiles est capital, l'ajustage de la quête l'est tout autant: c'est un domaine difficile à maîtriser car nous manquons de repères stables. Les abaques fournies par les précedents équipages montrent la marche à suivre dans les grandes lignes, mais il nous faut aussi demeurer pragmatiques et adapter ces réglages en fonction de nos besoins en temps réel. C'est ce que nous sommes efforcés de faire au fil des manches.
C'est un domaine pour le moins perfectible, cependant il me semble que nous le maîtrisons de mieux en mieux.
Néanmoins nous sommes manifestement moins rapides dans le petit temps surtout en cap.
Le génois leger supporterait plus de volume, c'est possible à faire.
Je pense que ma conduite est peut-être trop en cap car la quille apprécie la vitesse. C'est difficile à juger. Ma première réponse serait d'augmenter le volume du génois léger.
Nous n'avons pas de moyen pour nous débarasser de corps étrangers dans les apendices. Même si cela demande une canne longue et encombrante (protégée et adaptée) il me semble indispensable d'au moins avoir un moyen pour essayer de se libérer des algues et autres branches qui nous ont faits perdre des "kilomètres" sur une manche.
On peut affuter tout ce qu'on veut et dépenser des fortunes pour gagner des pouillèmes au dessus du pont, à quoi bon si on traîne un frein sous l'eau??

Tactique au près

Dans l'ensemble les choix ont été corrects avec un positionnement par rapport aux concurrents souvent très efficace sur les premiers près.
D'une manière générale il me semble que le positionnement par rapport au cadre, même s'il est important à connaître, prend souvent le pas sur la perception de l'évolution du vent et le feeling du tacticien.
Le temps aux laylines donne le cadre pour s'exprimer, et je trouve que l'expression tournait plus autour de ce cadre qu'au sujet du vent et de son évolution.
Manque de confiance en soi? Manque de confiance dans la vitesse? Probablement un peu de tout ça.
La tactique c'est facile à discuter à comparer et à juger après coup, aussi je me garderai bien d'aller plus loin dans ces remarques les plus objectives possibles.
Nous avons commis une faute indiscutable à une bouée au vent. J'en prends ma part de responsabilité sans problème. Il demeure que cette faute est inacceptable car on l'a vue venir de loin.

Bouée au vent:

Dans l'ensemble les envois de spi ont été corrects, avec une bonne gestion de la tack line dans la houle (pas trop tôt au près...). La drisse de spi est trop épaisse et demande trop d'efforts aux wincheurs. On serait plus rapides dans les hisser si la drisse était plus fine.
Dans le meilleurs des mondes, le spi commence à monter doucement 2 longueurs avant la bouée. J'ai quelques fois remarqué que les wincheurs tournaient leurs manivelles sans que la drisse soit au self tailing et donc tournaient dans le vide.... Une fois l'étrave sur la bouée, le spi monte le plus vite possible en même temps que le génois descend.
Le timing de descente du génois pourrait être un peu plus tôt, mais dans l'ensemble nous étions performants.
Nous avons fait quelques cocotiers: le pliage en soute m'a été rapporté comme étant toujours fait de la même manière, c'est donc ailleurs que nous avons un problème. Où? Quelqu'un a-t-il une idée?
On ne va pas revenir sur le guindant rabanté du génois dans la brise, je crois qu'un enfournement a clos le débat!

Vitesse sous spi:

En moyenne, nous sommes à l'aise dans le vent et inconfortables lorsque le vent molli.
Je pense que la forme des spis en est la cause, c'est un challenge "voilerie".
Cependant, la manière de naviguer pourrait être améliorée surtout dans le médium avec des vagues:
Je trouve qu'en moyenne nous souffrons de passivité. L'équipage est trop statique en latéral et longitudinal.
Nous avons un fonctionnement qui est assez figé, par exemple pour quoi le wincheur (occupé au spi avec son collègue en face de lui) sous le vent ne love-t-il pas la contre écoute de spi?
Gurvan pourrait être au rappel pendant ce temps!
Je sais qu'il n'est pas facile de sentir l'assiete du bateau, mais je ne sens pas de dynamisme!
La GV doit être bien bien plus souvent ajustée, souvent par des amplitudes bien supérieures qui à mon avis imposent un wincheur permanent pour aider au pumping.
J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi le bateau marcherait mieux avec la GV surbordée dans le petit temps. Pourquoi pas? De mémoire, au mondial notamment, nous avions un réglage "normal" qui ressemblait pas mal à celui de nos concurrents.
Je vous propose de visionner cette vidéo intéressante à comparer avec le fonctionnement d'un équipage de la Med Cup.
Au plus il y a de vent, au plus on est à la limite de décrocher le safran, le contrôle de l'assiette est plus que jamais capital pour rester debout.


Tactique au portant:Ces bateaux sont rapides au portant et ont des angles assez ouverts, ce qui ouvre pas mal le jeu.
Les choix de bords sont evidement importants et je pense qu'ils ont été corrects dans l'ensemble. Cependant le positionnement par rapport aux concurrents derrière et devant est capital, et s'inspire beaucoup des principes adoptés en multicoques.
Je pense que ce domaine précis doit être amélioré.


Bouée sous le vent:
Avec une boite à coucou ça changerait la donne....
Les affalages sont longs et risqués dans la brise! D'autant plus que la drisse n'est pas fluide (diamètre trop important).
Les trajectoires m'ont semblées correctes.
Les bordés de GV ont souvent été hachés à cause de l'écoute qui saute du self, il faut améliorer ce point.

Globalement ces régates ont été très instructives, mais nous avons fait plus de bêtises que les autres et nous sommes derrières eux au classement général, c'est logique.

L'équipage est sympathique et enthousiaste avec lequel c'est un plaisir de naviguer et boire des coups!
Vous avez surement des tas de remarques supplémentaires à faire en plus des miennes, il y a un onglet "commentaires" ci dessous pour les recevoir, n'hésitez pas!

Photos Anne Laure de Kerviler, efficace derrière l'objectif autant que dans la soute!




05/07/2010

Cowes Dinard 2010

Cette année, Paprec Recyclage était de la fête à l'occasion d'une grande classique de la course au large. Ce n'est pas le Fastnet ou Sydney/Hobart (ça viendra...) non, c'est une course de moindre importance servant plutôt de préparation aux grandes classique de l'été mais qui a néanmoins toujours fasciné mes lectures d'enfances:
Cowes - Dinard.

Bon Vegemite est toujours au port mais son propriétaire n'a guère le temps de le sortir alors Challenger Scout ou TP52? Pour le moment le TP....

Une traversée de Manche de l'Ile de White à Saint Malo en laissant à babord toutes les iles anglo-normandes Casquets, Guernsey, Jersey, plateau des Minquiers.
Est-il utile de préciser que le courant est LE dossier lorsqu'on traverse la Manche?

Solent, Raz Blanchard, baie du Mont St Michel sont des lieus connus pour ces 4 nds (souvent bien plus!) qu'il convient d'apprécier avec justesse et d'anticiper pour ne pas faire du surplace quand les plus intelligents s'en servent pour aller plus vite.

La course se joue au handicap, nous disposons d'un super bateau uniquement fait pour la course sans aucune concession. Il est rapide, très sophistiqué, doté d'un rating important (on a rien sans rien...), à nous de le faire marcher suffisament vite et d'arriver assez longtemps avant les plus petits pour les battre en temps compensé.
Il mesure 15,60 m de long, nous sommes 14 à bord, du lourd je vous dis!
13 mecs sympas, 1 fille sympa, le skipper est Stéphane, le tacticien Sébastien jumeau de votre serviteur, tout le monde est là pour envoyer du steack, ok?

Départ à Cowes donc, donné par les célèbres canons du Royal Yacht Squadron qui lancent toutes les régates du coin probablement depuis la Reine Victoria voire avant (un Georges ou Henry quelque chose). On ignore s'ils étaient utilisés pendant la guerre de 100 ans, mais le doute est permis....

Les petits bateaux partent en premier, les gros ensuite et enfin les plus grands, les plus beaux, nous quoi....

Louvoyage dans le Solent, la tactique semble installée, la navigation est efficace, le bateau avance bien nous nous propulsons aux avant postes et prenons un peu d'avance.
La sortie approche, le courant est portant, le vent fraichit, il faut changer de génois.
Belle manoeuvre, l'équipage est bien à son affaire.

Un bout de ficelle pète, et les ennuis commencent le génois s'arrache de l'étai ....
Un coup de vent arrière pour affaler, re changement de génois pour un plus léger (mais il y a du vent...) et on reprend le cours de notre régate en ayant perdu toute notre avance.
Pas grave la course est longue.

L'option en Manche est simple, le vent de SW doit tourner à droite vers le NW pendant la nuit et mollir. Nous optons pour la route sous le vent, plus rapide même si un peu plus longue.

Dans la soirée, le vent molli un peu et commence sa rotation à droite comme prévu. Jusque là c'est facile, suffit d'avoir les bonnes infos.
Re changement de génois pour un jib top plus approprié aux allures de près bon plein (reaching).

Pour manoeuvrer les voiles il y a à bord 2 colonnes de moulin à café qui permettent à 4 mastards de venir à bout d'à peu près n'importe quels efforts à fournir.
Donc là les 4 s'en donnent à coeur joie, la voile monte comme prévu mais...
Plusieurs winchs peuvent être connectés sur ces colonnes, mais il convient de les manoeuvrer séparément pour éviter les avaries.
Bon bref, ce coup ci, toutes leurs connections sont correctes, et un winch qui ne devait pas tourner, tourne quand même.... le génois en service commence à se déchirer contre un chandelier.
Ca fait 2 génois médium déchirés! A ce rythme là on en aura pas assez pour finir....
Navigation en côtre, jib top, trinquette, GV haute. Le large quoi!

La nuit tombe, la pluie arrive, le vent devient merdeux, ça peut évoluer de manière imprévue: il est temps de réparer les voiles déchirées afin de parer à toutes éventualités.

Je m'attelle au génois médium (celui qui nous a laché dans le Solent) avec Anne Laure (la seule fille du bord, les autres sur le pont sont jaloux comme des poux, je me marre!). D'abord rincer la déchirure, sécher, poser du tissu autocollant, recoudre les parties abimées à la main, voilà le programme.
Anne Laure fouille tout le bateau pour trouver une bouteille d'eau sans succès, pendant que je commence le démontage, jusqu'à s'apercevoir que je suis assis sur le stock de bouteilles d'eau... Bon ok, pardon, je savais pas...

Dehors la nuit tombe d'un coup, la pluie redouble, quelques rafales, des vociférations sur le pont, apparement d'autres problèmes de voile, le Jib Top cette fois dont le point d'écoute rend l'âme, rapidement réparé par l'équipage qui ne se laisse pas dépasser par les évènements.

Nous réparons notre voile à l'abri tranquillement en prenant notre temps. La réparation doit être bien faite pour être solide, et vu qu'il fait pourri dehors cela tombe assez bien....

Bon ça dure un peu (c'est long les points à la main!). Jean Pierre vient nous "aider" et nous tient la lumière. On aurait cru qu'il était dépéché par le pont pour surveiller un peu l'avancée des travaux si travaux il y avait..... On s'est bien marré!

Le vent devait tourner à droite, il tourne à gauche, et tombe complètement.... Courant dans le nez on recule... Quand le vent revient, les bateaux encore autour de nous disparaissent dans notre sillage.
Un virement placé après moultes discussions sur les infinies possibiltés d'évolution du vent, en fonction de la couverture nuageuse, de la prévision météo, du courant, de l'expérience des uns, du feeling des autres, de l'age du capitaine, qui tournent aux palabres (Sur un bateau avec un équipage nombreux, faut aussi savoir se taire....) nous voilà sur un bord tribord amure au près, 30° sous la route.


Le vent tourne un peu à droite un peu plus tard, rendant un virement de bord catastrophique, toujours à 30° de la route.
Ce n'est que plusieurs heures plus tard de ce bord très difficile à barrer que le vent tourne franchement et nous permet de franchir la Hanaie à la bordée.

Ouf! On ne parle plus de chance à bord, mais d'un mot plus crû et vulgaire ayant un rapport direct avec l'anatomie féminine....

Le jour se lève, nous sommes au reaching (re jib top / trinquette) cap vers Guernsey et on commence à regarder autour de nous pour faire un premier bilan de la nuit:
il est clair qu'on a fait le ménage!

Les 3 voiles en vue sont derrière, donc tout va bien.

Le spi léger est de sortie, et on avance tranquillement pas très vite dirait-on....

Les algues.... Ces laminaires, ou paquets de salade, en nappes opaques, ou isolées au hasard de leurs dérives, sont des obstacles énervants car une fois prises dans le voile très droit de la quille, il est quasi impossible de les enlever.
La solution que nous adoptons est radicale, spi en bas, bateau face au vent marche arrière quelques secondes et on remet en route tout propre.

L'autre TP 52 "John Merricks" est derrière et se rapproche toute la matinée (plus de vent ou simplement plus rapide?) et malgré nos efforts, il nous dépasse sans beaucoup de difficultés....

Le vent finit par s'installer et malgré un bon retour, il termine devant à quelques longueurs.

Merde, on avait bien cru l'avoir cette victoire!

On s'est quand même bien battu, nous terminons 2 emes toutes classes confondues ( 120 bateaux au départ quand même) derrière cet anglais....

On s'est bien marré, le bateau est en progression
tout bien quoi!




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Moulin Blanc, 29, France